De son parcours à ses caractéristiques d'arbitre en passant par le jeu des questions-réponses de la rubrique contre-pied. Voici le portrait de l'invité de chercheunclub.com
Si jeune et pourtant déjà si près de ce qui se fait de mieux dans le football, Nicolas Rodrigues revient sur ses premières expériences jusqu’à cette saison où le jeune Usselois foule parfois les pelouses de Ligue 2 en tant que 4ème arbitre. La tête sur les épaules mais sur de lui, l’homme au sifflet sait que le chemin est encore long mais réalise déjà le chemin parcouru.
Nom : Rodrigues
Prénom : Nicolas
Date de naissance : 27 septembre 1989
Club : Ussel
Statut : Arbitre de CFA
Son parcours
Quel est votre parcours footballistique ?
« J’ai commencé comme joueur dans les catégories jeunes à Ussel. Puis de 14 à 18 ans, j’ai alterné le poste de joueur et d’arbitre. Mon club manquait d’arbitres donc mon père m’a proposé de le devenir. Il m’emmenait tous les vendredis aux formations théoriques à Brive. Au début, je ne savais pas vraiment ce qu’était l’arbitrage. Je ne connaissais même pas les règles du football. J’ai eu la chance de gravir les échelons rapidement. Après 3 ans d’arbitrage la Commission Régionale de l’Arbitrage m’a présenté au titre de JAF (jeune arbitre de la fédération), écusson que j’ai obtenu en 2008 et il a fallu arrêter ma « carrière » de joueur. »
Qu’avez-vous apprécié dans l’arbitrage ?
« J’ai pris de plus en plus goût à l’arbitrage. J’ai aimé apprendre pleins de règles et de choses que je ne savais même pas en tant que joueur. Je trouve ça intéressant et plaisant de prendre une bonne décision qui va influer sur le match même si cela conduit à un but ou même à un carton, si le joueur le mérite. D’aider au bon déroulement du match, servir le football. On ne naît pas arbitre, on le devient car on aime notre sport et qu’on souhaite le servir. Je pense que les arbitres managent leurs matchs, de la manière dont ils conçoivent le football.
Vous montez par la suite en DH. Quelles sont les changements ?
« La DH est la suite logique de JAF. En jeune, on côtoie des équipes de qualités, des centres de formation. Le jeu est placé et le ballon circule bien. C’est un très bon apprentissage pour le placement, déplacement, le positionnement des arbitres et son évolution dans le jeu. Lorsque l’on siffle, un jeune ne dit pas grand-chose et se replace donc c’est vraiment l’aspect placement. En DH, c’est autre chose. Ce sont des adultes et il faut apprendre à gérer l’homme. L’important est de s’affirmer face à des personnes qui peuvent râler, contester,… Etre autoritaire sans faire preuve d’autoritarisme. »
Et maintenant la CFA, la Ligue 2 voire même le championnat de National ?
« Je suis monté en CFA où j’arbitre actuellement après quatre saisons de DH. On apprend à chaque rencontre, elles sont toutes différentes. En effet, j’ai depuis cette saison, découvert la Ligue 2 en tant que quatrième arbitre. C’est sûr que lorsqu’on reçoit une désignation pareille, ça fait plaisir. L’accès au National est très difficile. J’ai la chance de pouvoir disputer la montée sur cette deuxième partie de saison. Faisons ce qu’il faut sur le terrain et on verra ce qu’il en est au mois de mai.»
Votre âge de 25 ans peut-il être un frein ?
« Non au contraire, la DTA (Direction Technique des Arbitres) souhaite rajeunir ses effectifs.»
Quelles différences existent-il entre le monde amateur et le monde professionnel que vous commencez à approcher ?
« Les matchs sont beaucoup plus préparés. En CFA, on regarde le classement, les éventuels cartons passés voire des informations sur le site des clubs. En Ligue 2, ce n’est pas pareil. Ce qui m’a étonné ce sont clairement les médias, caméras…. Cela peut paraître bête mais c’est impressionnant. Dans le couloir, à l’entrée du terrain, elles sont partout. Pour ma première j’étais vraiment intimidé avec ça. Puis on rencontre des personnes ou des joueurs que l’on voit habituellement à la télé ! »
Vous êtes parfois quatrième arbitre, que pensez-vous de ce rôle parfois décrié pour son manque d’utilité ?
« Ce qu’il faut savoir c’est qu’un quatrième arbitre aide le trio à la préparation du match mais également pendant le jeu.… mais ça on ne le voit pas. On retient surtout que c’est celui qui lève le panneau pour indiquer les remplacements. Lorsque j’ai commencé, on m’a expliqué qu’il fallait que je participe au jeu et que, si besoin, je prenne mes responsabilités notamment devant les bancs de touche qui sont des zones sensibles. Nous sommes en contact avec des oreillettes et je peux, je dois indiquer ce que je vois de ma position car elle correspond à l’angle de vue souvent similaire à celui des coachs. Après cela ne signifie pas que l’arbitre du centre sifflera. Il me suit ou pas. Mais je dois quand même reconnaître que pour ma première j’ai plutôt été spectateur ! »
Comment expliquez-vous que personne ne le sache ?
« A vrai dire, avant qu’on me le dise pour ces matchs je ne le savais pas non plus.»
Il y a peu de nouveaux arbitres, quels conseils pouvez-vous donner à des jeunes qui pourraient se lancer ?
« Ils peuvent cumuler le poste d’arbitre et de joueur et ça c’est important quand on commence jeune. Sans ça, je n’aurai pas commencé l’arbitrage. Il faut savoir que tout jeune on veut jouer au foot car c’est le sport qu’on aime. On ne naît pas arbitre. De plus, être joueur aide clairement dans notre fonction, notamment à sentir le jeu. Ça reste mon avis. »
Ses caractéristiques d’arbitre
Comment vous caractérisez-vous en tant qu’arbitre ?
« Je pense que ma force est le physique. Je travaille beaucoup pour être au plus près des actions. Depuis un peu plus d’un an, j’ai acquis une certaine confiance et je suis plus sûr de moi. Je suis calme et serein sur un terrain. Ce qui me semble être un atout pour faire passer mes décisions. »
Vous n’hésitez pas à mettre des cartons ?
« Hésitez ? Non ! Lorsque vous avez un doute ce n’est pas bon. Lorsque j’estime qu’un joueur a dépassé la limite que j’avais fixé, je le sanctionne… Je ne mets pas des cartons pour me faire plaisir.. S’il y a besoin de mettre un carton je n’ai pas de soucis à le mettre. Les cartons doivent être mis à des moments clés et être attribuer de manière cohérente. Mettre un carton pour mettre un carton, non… »
CONTRE-PIED
Lannoy ou Turpin ?
« Turpin. Il a un gros potentiel physique, je pense plus ressembler à lui qu’à Lannoy. »
Carton jaune ou rappel à l’ordre ?
« C’est difficile à dire, cela dépend du contexte du match. Il m’arrive de passer des matchs sans cartons et d’autres avec 7 ou 8 cartons. Je serai plus dans l’optique rappel à l’ordre mais s’il faut sévir je mets un carton. »
Règle du hors-jeu de l’époque ou hors-jeu de position ?
« Je suis plutôt pour cette nouvelle formule. C’est difficile à prendre comme décision. Mais je préfère que le jeu vive plutôt que de signaler tous les hors-jeu même si après il y a des polémiques. »
Règle de la double peine (pénalty et carton rouge pour le dernier défenseur) ou autres choses ?
« Je ne sais pas. Pourquoi pas une exclusion temporaire ? On l’a encore vu il y a peu. Une expulsion temporaire peut permettre de marquer le pénalty et d’avoir des occasions pour scorer un peu plus en supériorité… »
3 arbitres ou 5 ?
« Cinq. Plus on est, mieux c’est pour dissuader les tricheurs dans la surface de réparation, par exemple. »
Un souvenir plus fort que les autres ?
« On vit des choses fortes assez souvent mais je retiens la Marseillaise sur un match de jeune où j’ai officié (France-Belgique). Donc vivre une Marseillaise sur le terrain.»
Pour terminer, si vous deviez retenir un nom qui vous a marqué ou fait progresser dans le football qu’il soit éducateur, dirigeant ou joueur,…
« Je vais dire mon coach en catégorie jeune à Ussel. Il avait cette notion du jeu. Il m’a donné goût au jeu, au plaisir de faire tourner le ballon. Ce coach m’a beaucoup aidé car je pense avoir un sens du jeu pas mauvais qui correspond à ce que le public veut voir. Cet éducateur se nomme Jean-Yves Rhode et m’a suivi de 13 à 18 ans. Cette personne était toujours là pour nous, aux entraînements, pour nous accompagner. C’est une personne très exigeante mais toujours juste… Un peu arbitre dans l’âme ?»
Merci à Nicolas Rodrigues
A très vite sur chercheunclub.com pour du foot, évidemment.