De son parcours à ses caractéristiques de coach en passant par le jeu des questions-réponses de la rubrique contre-pied. Voici le portrait de l'invité de chercheunclub.com
Entretien avec un jeune éducateur de football au parcours singulier. Kevin Marjault, entraîneur des féminines de l’AS Nieul (DH) a préféré interrompre son parcours de footballeur pour s’investir totalement dans le monde du football féminin. Une route qui l’a mené de Creuse jusqu’en Haute-Vienne et plus précisément à l’AS Nieul.
Sa fiche
Nom : Marjault
Prénom : Kévin
Date de naissance : 16 mai 1989
Profession : Travaille dans un centre de loisir et intérimaire
Club : AS Nieul 87
Statut : Éducateur de l’équipe A féminine (DH)
Son parcours
Quel est votre parcours footballistique ?
« J’ai débuté comme joueur en catégorie de jeunes puis en senior, dans différents clubs de Creuse. Ensuite, mon parcours d’éducateur débute avec des jeunes (U15) à Saint-Fiel (23) puis des féminines seniors à Parsac (23) et maintenant Nieul (87). »
Vous commencez comme joueur mais, malgré votre jeune âge, vous décidez de mettre votre carrière entre parenthèse pour coacher. Quelle sont les éléments qui expliquent cette interruption ?
« Tout simplement car quand j’ai pris les féminines de Parsac, les matchs se déroulaient le dimanche. Je ne pouvais donc pas jouer et entraîner. Il a fallu faire un choix donc j’ai mis entre parenthèse ma « carrière » pour me lancer dans cette aventure. C’était un challenge intéressant, je ne connaissais pas trop le foot féminin. Cela faisait trois ans que j’étais avec une équipe de U15, je voulais un autre challenge. »
Vous prenez les commandes d’une équipe féminine, quelles étaient vos préjugés sur cette discipline en plein essor qu’est le football féminin ? Et après plus de deux ans d’expérience ?
« Je ne savais pas trop. Je savais que l’impact physique était moindre. Moins de puissance et d’endurance mais que cela se jouait plus sur la notion technique. Il est vrai que l’on a l’impression que les matchs sont déséquilibrés. C’est vrai qu’entre D1, D2, DH,… il y a une vraie différence mais cela tend à se réduire. La refonte des championnats et le développement de la discipline permet d’atténuer cela. Il ne faut pas oublier que les filles n’ont pas peur d’aller au contact et au duel, ce n’est pas tout gentil, il y a du physique aussi. Petit bémol pour l’aspect tactique. Certaines filles ont commencé sur le tard, à nous de leur inculquer. »
Quel a été votre apport justement face à ces particularités lors de votre arrivée à Parsac il y a 2 ans ?
« J’ai surtout dû imposer une certaine assiduité à l’entraînement. Les filles s’entraînaient peu mais étaient demandeuses de travail et de structures pour le faire. »
Le bilan de ces deux années se révèlent positif ?
« Globalement le bilan sportif est mitigé. La première saison a été très bonne avec une montée en DH, alors que ce n’était pas forcement l’objectif dès la première saison. On a fait aussi une demi-finale de coupe du Centre-Ouest, une première pour le club. Malgré cela, je suis un peu amer car on s’est incliné en finale de coupe de la Creuse dans un match que l’on a largement dominé. La seconde saison a été plus compliquée avec un effectif plus réduit. Sans jamais être loin nous terminons quand même relégable. On peut retenir notre 3e tour de Coupe de France, là encore une première pour le club et un nouveau quart de finale en Centre-Ouest. »
Vous repartiez en DHR, est-ce une des raison de votre départ pour Nieul ?
« Les dirigeants étaient prévenus depuis quelques mois que j’hésitais à repartir pour une nouvelle année. Notre effectif était trop réduit et manquait de concurrence. L’implication des filles a l’entraînement aussi été moindre. J’avais émis l’idée de garnir l’effectif mais il s’est avéré qu’avec le club nous n’étions pas sur la même longueur d’ondes. J’ai eu d’autres contacts dont Nieul, où j’ai finalement signé. Le club est monté la même année que Parsac en DH. Contrairement à eux, l’AS Nieul a su se renforcer, aller chercher des joueuses pour se maintenir à ce niveau. Elles terminent même 4e en faisant une très belle saison dont un 16e de finale de coupe de France. Moi, j’avais d’excellents rapports avec l’ancien coach de Nieul, c’est lui qui m’a contacté pour prendre la suite. »
Que peux-t-on attendre de cette saison sachant qu’il faut allier votre envie de grandir et votre interdiction de montée en raison d’un manque d’école de foot ?
« Avec la refonte des championnats, l’objectif est d’abord de terminer dans les 6 premières places pour se maintenir. Il faut même faire aussi bien que la saison dernière soit les 4 premières places. On se structure avec une équipe réserve qui ambitionne de monter en DHR. Nous ne sommes pas au norme pour monter, il faudra attendre quelques années. »
Au bout de quelques mois passés à Nieul, pouvez-vous déjà faire un bilan ?
« C’est compliqué car les matchs sont différents. Globalement positif car nous sommes actuellement 3e du championnat. On a l’objectif de faire un bon parcours en Centre-Ouest, quart ou demi-finale. Malheureusement nous avons rapidement quitté la coupe de France. Personnellement, je cherchais un effectif plus conséquent et plus assidu. Nous avons deux entraînements avec une quinzaine de joueuses, nous sommes donc montés d’un cran physiquement et techniquement par rapport à ce que j’avais connu à Parsac. Je progresse aussi en tant que coach, donc oui c’est positif. »
Vous venez de vous imposer 6-1 (à Niort), la suite s’annonce comment ?
« C’est délicat car on vient de s’imposer sur le terrain de Niort qui n’est pas une équipe qui nous est inférieure. Cela faisait deux mois sans jouer, ce n’était pas évident. Maintenant, nous rencontrons le dernier du championnat (Bressuire) que l’on a battu 6-1 au match aller, je suis très attentif à ce que l’on reste concentré pour ramener 4 points. »
Ses caractéristiques de coach
Comment vous caractérisez-vous en tant que coach ?
« Je pense que ma principale force est la patience. Les filles apprécient que je reste calme sur le bord du terrain et cela apporte une certaine sérénité. Je ne gueule pas tout le temps. C’est un point qu’elles apprécient je pense. »
Avez-vous une valeur ou une consigne essentielle ?
« Une chose que j’ai dit lors de mon premier match amical et que je répète souvent. L’erreur technique, elle existe, on peut l’accepter comme des joueurs, des arbitres, des coachs peuvent en commettre. Il faut l’accepter. Mais on ne peut pas accepter de ne pas se battre sur un terrain. »
CONTRE-PIED
Mourinho ou Ancelotti ?
« Ancelotti. J’admire Mourinho, c’est un très grand coach, mais Ancelotti construit mieux sur le long terme. »
Offensif ou défensif ?
« Offensif, résolument offensif même si le football est un équilibre des deux. A choisir, je préfère gagner 4-2 que 1-0. »
Remplacements rapides ou réorganisation ?
« Réorganisation, je suis plutôt pour la réorganisation. Un remplacement rapide peut être pris pour une sanction par le joueur ou la joueuse. Je n’aime pas trop ça. »
Coaching debout ou assis ?
« Debout, tout le temps debout. Je suis à fond avec les joueuses, je vis le match de la première à la dernière minutes. »
Technique ou physique ?
« Les deux. Comme offensif ou défensif, il faut un alliage des deux. Technique, physique et même tactique. »
Pour terminer, si vous deviez retenir un nom qui vous a marqué ou fait progresser dans le football qu’il soit éducateur, dirigeant ou joueur,…
« Je vais dire mon papa car il m’a toujours soutenu et pousser à faire mieux. Il m’a encouragé à aller plus loin y compris en tant qu’éducateur. Il n’a jamais hésité à me féliciter ou me critiquer quand il le fallait. »
Enfin, si l’on excepte Nieul, un club qui vous a marqué ?
« Saint-Fiel [sans hésitation] car j’y ai joué cinq saisons. J’y ai aussi fait mes premiers pas d’éducateurs et je garde de très bons contacts avec toutes les personnes du club que je côtoie régulièrement. »
Merci à Kévin Marjault,
A très vite sur chercheunclub.com pour du foot, évidement.
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